Le trésor de Morez

C’est une histoire peu commune que nous allons vous raconter. Une heureuse circonstance pour une commune du Jura, peuplée d’environ 5 000 habitants, qui avait pris la décision d’acheter une vieille maison fermée depuis plusieurs années et qui y découvrit une petite fortune…

Le lieu et les circonstances

Une imposante bâtisse du centre-ville de la commune de Morez se retrouve en vente, en 2020. En effet, la « maison Jobez », située au 123 rue de la République, était habitée auparavant par quatre frères et sœurs décédés sans héritiers directs. Après des recherches généalogiques, un héritier habitant une commune proche est découvert mais celui-ci ne compte pas s’embarrasser de l’imposant immeuble où de nombreux travaux semblent nécessaires. Il y avait bien des bruits qui disaient que la bâtisse cachait un merveilleux trésor mais personne ni a vraiment jamais cru.
La mairie se porte alors acquéreur de la bâtisse, dans le cadre de son activité de relance immobilière et de la redynamisation urbaine, à hauteur de 130 000 euros. En juin 2020, en pleine période de covid, ce sont les élus de cette petite ville qui se chargent de vider la maison des anciens commerçants. Bien leur en a pris car, après la découverte de quelques objets anciens divers et variés, c’est une tout autre trouvaille qui va changer la vie de la commune. C’est au deuxième étage, dans une chambre, que le trésor est découvert : dans un placard, des bocaux de confitures contiennent en réalité les économies de toute la famille, converties en or, soit 5 lingots (1 kg) et 1 000 pièces de 20 francs or.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là car le 14 avril 2021, un second trésor est découvert à l’ouverture d’un coffre-fort qui se trouve à l’intérieur de la maison : des centaines de pièces réparties en 480 pièces de 20 francs en or, 50 pièces de 10 francs or et une pièce de 100 francs or Napoléon III.
La première estimation, après la découverte de la première partie du trésor, était de 500 000 euros. En ajoutant la 2e découverte, l’estimation monte à 600 000 euros entièrement pour la commune, découvreuse et propriétaire du bien.

La vente

C’est la salle d’honneur de la mairie de Morez qui accueille, le samedi 19 mars 2022, la vente aux enchères des deux trésors découverts en 2020 et 2021, sous le regard attentif du maire de la bourgade, M. Laurent Petit. Les potentiels acquéreurs n’ont pu voir les différents lots que par photographies, le matin même de la vente. C’est la société Jura enchères, société de commissaires-priseurs de Lons-le-Saunier et Dole, qui a été choisie pour disperser le trésor. Pour cela 150 lots ont été établis, regroupant des monnaies de même valeur faciale et de même pays.
La vente a réussi à attirer les badauds, une quarantaine en salle, mais aussi des enchérisseurs sur internet et par téléphone. L’intégralité des lots a été, au préalable, présenté sur le site internet des commissaires-priseurs ; une campagne publicitaire et le battage médiatique ont suscité un engouement chez les collectionneurs et les professionnels.
Les différents lots sont proposés, à prix de départ, dans une fourchette allant de 3 000 € à plus de 6 000 € pour les pièces (les lots sont inégaux et peuvent contenir 6, 8 ou 10 monnaies) selon leur type (Napoléon III, Génie, Coq, Vreneli, souverains anglais, lires italiennes, florins d’Autriche-Hongrie, Francs belges…) et leur poids en or. Les cinq lingots sont proposés avec un prix d’estimation fixé à 55 000 € l’unité ; ils partiront finalement entre 53 900 et 55 260 euros (prix auquel s’ajoutent les frais de vente de 3 % hors TVA).
Les ventes se succèdent avec un nombre d’enchères limité : les potentiels acquéreurs ont bien conscience qu’il n’y a pas de monnaies rares dans les lots et ils misent donc sur la valeur de l’or au cours de celui-ci. Ainsi, par exemple, les lots de 10 pièces de 20 francs partent pour 3 300 € en moyenne.
Il s’agit cependant d’une très belle vente pour la commune et la société Jura enchères, car l’intégralité des lots sont bel et bien vendus et la somme globale récoltée, 772 995 €, est supérieure à l’estimation.
Cette somme, qui revient à la commune, va permettre de saisir de nouvelles opportunités. Le projet, voté lors d’un conseil municipal, est de racheter l’Hôtel de la Poste, dernier hôtel-restaurant de la ville, qui a fermé ses portes en 2019, de le réhabiliter et de faire revivre ce lieu cher aux locaux. Souhaitons-leur une belle réussite et qu’un petit rappel de cette belle histoire finisse dans une vitrine du futur hôtel.