Description
France 1912
Atelier de gravure : Monnaie de Paris
En ce XXe siècle naissant, ce très beau paquebot, construit pour effectuer de grandes traversées transatlantiques, fleure bon le XIXe siècle. Avec ses machines à charbon, ses luxueuses cabines, son hall-rotonde, sa décoration intérieure, digne d’un immeuble haussmannien, il semble sorti d’un grand roman d’amour et d’aventure…
Mis en chantier sous le nom de “Picardie”, sur le site Penhouët de Saint-Nazaire, ce navire est rebaptisé “France” avant son lancement. À l’époque, c’est le plus grand paquebot français, ses dimensions ont été établies en fonction des infrastructures des bassins du Havre et le seul à posséder quatre cheminées.
Le France 1912 n’a jamais officiellement concouru le record de vitesse sur l’Atlantique Nord, afin de décrocher le célèbre ruban bleu. Mais la puissance de ses machines en faisait le troisième paquebot le plus rapide après les prestigieux “Lusitania” et “Mauretania” de la compagnie britannique Cunard.
Le 20 avril 1912, “France” quitte Le Havre pour son voyage inaugural, cinq jour après le naufrage du “Titanic”. Mais, contrairement à ce dernier, les canots de sauvetage du “France” ont, dès sa mise en service, une capacité suffisante pour accueillir tous les passagers et membres d’équipage.
Il faut noter que la plus grande catastrophe maritime de l’époque a profondément marqué les esprits et depuis ce jour, la sécurité à bord des paquebots devint une véritable obsession et un argument commercial majeur. “France” 1912 va effectuer toute sa carrière sur la ligne : Le Havre – New York. Le luxe et le style de ses aménagements intérieurs – prestige de la décoration des cabines et des salons, service irréprochable, cuisine digne des plus grands restaurants à terre, etc. – lui vaudront le surnom de “Versailles de l’Atlantique” ou encore “Château de l’Atlantique”. Très prisé pour son confort par une clientèle nantie, dans les années 1920, certains clients s’arrachaient les cabines aux enchères.
En ce début de XXe siècle, c’est le charbon qui est roi. Dans ce que l’on nomme la “rue de chauffe” des paquebots, chauffeurs et soutiers s’activent autour des chaudières dans une vision “à la Zola”, digne des forges de Vulcain. Les conditions de travail dans la fournaise et la poussière étaient exténuantes, avec des températures avoisinant les 40°C. En 1918, une explosion dans la salle des machines du “France” fit neuf victimes. Pour propulser de tels navires, il fallait, jusqu’à 100 tonnes de charbon par jour.
En août 1914, le “France” est converti en croiseur auxiliaire et rebaptisé “France IV”. Mais il est rapidement transformé et utilisé pour le transport de troupes. Fin 1915, il est aménagé en navire-hôpital, avec une capacité de 2 500 lits. En avril 1918, il est à nouveau réaménagé pour le transport de troupes totalisant 5 000 hommes. Il est utilisé pour convoyer le corps expéditionnaire américain, et ce jusqu’en mars 1919. Après la Première Guerre mondiale, en 1919, il reprend ses croisières régulières sous le nom de “France”. En 1923, ses machines au charbon sont modernisées avec la chauffe au mazout. À partir de 1927, il effectue régulièrement des croisières en Europe.
Désarmé au Havre en septembre 1932, il est vendu pour la démolition en novembre 1934. Il quitte Le Havre le 15 avril 1935 pour Dunkerque pour y être démoli. Même si, dans la lignée des grands paquebots transatlantiques, on oublie parfois le “France” 1912, ce très beau navire, d’un autre temps a contribué lui aussi largement à leur épopée et leur légende.
Le saviez-vous ?
Le paquebot: une entreprise à part entière.
Les paquebots, véritables villes flottantes de près de 4 000 habitants et davantage, pour certains, sont de grandes entreprises, méticuleusement hiérarchisées. Tous les métiers y sont représentés. Ils se divisent en trois secteurs. Le commandement, ou service pont, est chargé de la conduite du navire, sous les ordres du commandant. Le service machine veille à la bonne gestion du combustible et au fonctionnement des machines, sous la responsabilité du chef mécanicien. Le service civil, réunit de loin le plus de personnel : des cuisiniers aux grooms en passant par les femmes de chambre. Ils sont tous au service de la clientèle et sont dirigés par le commissaire principal.
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