Charles de Gaulle - La Boisserie dorée

Jamais l’histoire d’une demeure n’a été aussi intimement liée à celle de son illustre propriétaire. Si les maisons ont une âme, "La Boisserie" a incontestablement conservé dans ses murs celle de Charles de Gaulle. Elle apparaît conforme à son image, à la fois grande, impressionnante et très simple, presque "monacale".

Construite au début du XIX^e siècle, "La Boisserie" est située à Colombey-les-Deux-Églises en Haute-Marne. Cette demeure bourgeoise était à l’origine une brasserie. Au fil du temps, son nom devint "La Boisserie". Le lieutenant-colonel Charles de Gaulle et son épouse Yvonne en firent l’acquisition en 1934. Sa situation géographique, entre Paris et les garnisons de l’Est, était propice pour un militaire. Dépourvue de confort, "La Boisserie" sera une simple maison de vacances jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Pendant l’exil à Londres de "L’Homme du 18 Juin" et jusqu’en 1944, la demeure est pillée de ses meubles et partiellement incendiée.

À la Libération, des travaux de restauration et d’amélioration sont entrepris. Charles de Gaulle décide d’ajouter une tour hexagonale, dont il fit son cabinet de travail. De la fenêtre, il pouvait admirer l’immensité du paysage, dépourvu de construction. Lors de sa célèbre "traversée du désert", entre 1946 et 1958, c’est dans ce lieu calme, de réflexion et d’écriture, qu’il rédige ses "Mémoires de Guerre". Qu’il soit en dehors des affaires de la France ou Président de la République, Charles de Gaulle va être fidèle à "La Boisserie". Elle sera le théâtre de ses départs et ses retours historiques, qui ont jalonné son épopée gaullienne. Il y recevra ses amis intimes, mais aussi de grandes figures du XX^e siècle, telles que le chancelier Konrad Adenauer, qui aboutira en 1963 au Traité de l’Élysée. Retiré du pouvoir, c’est dans ce sanctuaire propice à la réflexion que Charles de Gaulle va vivre ses dernières années, jusqu’au 9 novembre 1970, où il s’éteint.